Sept ans après le dernier volume de la série, RUN donne une suite à l’univers déjanté de Mutafukaz, toujours branché communautés, pulp et street culture.
Vinz et Angelino ne sont pas morts, ils dézinguent encore! Alors que les machos se cachent toujours sur la face cachée de la Lune et que Dark Meat City, leur banlieue de Los Angeles, est en voie de gentrification galopante, Vinz a toujours le crâne en feu (mais on saura enfin pourquoi!) et « Lino » est toujours livreur de sushis. Une vie paisible qui va le rester moins de quinze pages, le temps que des disciples bien barrés d’Oméga, la nouvelle voix complotiste des réseaux sociaux -« Les mangas transforment vos enfants en satanistes pédophiles! Des milliers d’enfants chinois sont enfermés dans les arrière-cuisines de restaurants japonais aux États-Unis!« -, tentent de tuer tout le monde chez Moshi Sushi. Tout le monde sauf Lino, qui retrouve vite ses vieux réflexes, son flingue et son sabre, et zigouille toute la bande façon Tarantino. Le voilà obligé de fuir, avec Vinz, dans un mobil-home façon Breaking Bad, direction Dark Vegas. Et peut-être y retrouver Willy, devenu le « guide cosmique » d’une bande d’allumés, façon Burning Man, nus, armés et évidemment persuadés que la Terre est plate… Pas de doute, Mutafukaz est de retour. Et Run, son démiurge, ne s’est d’évidence pas calmé.
Culture West Coast
Quand l’univers Mutafukaz est apparu pour la première fois en 1997 dans de petites animations flash, une partie de la nouvelle génération, gavée de street culture, de comics, de mangas, de réseaux sociaux, de jeux vidéo et de références West Coast, y a vu d’emblée une nouvelle icône pop qui n’appartenait qu’à elle. Tout de suite, la franchise a connu un (gros) succès grâce à son ton aussi rentre-dedans que rafraîchissant, et proposant quelque chose de rarement, voire jamais vu en BD franco-belge. Mutafukaz est ainsi devenu le porte-étendard de la collection indépendante Label 619 (et Run son directeur artistique), accueillie pendant quinze ans par les éditions Ankama qui nageaient dans les mêmes eaux. Mais c’est désormais Rue de Sèvres qui édite les albums du label, dont évidemment le premier volume de cette nouvelle trilogie, qui n’a même plus besoin de mettre son nom complet en couverture pour attirer ses aficionados (lesquels comprennent tout de suite ce qui se cache derrière l’acronyme « M.F.K »). Et si le nouvel éditeur assure -évidemment- que ce nouvel opus peut se lire indépendamment de la série-mère, on conseille quand même aux nouveaux venus d’aller jeter un oeil sur l’animé disponible sur Netflix ou dans le dernier spin-off en date, Mutafukaz’ Puta Madre, pour bien saisir tout le sel de cette série qui ne plaira pas à tout le monde même si elle plaît énormément à certains.
Mutafukaz 2 – t. 1: Leaving D.M.C.
Comics français. De RUN, éditions Rue de Sèvres/Label 619, 144 pages. ***(*)
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